By Sandra on mercredi 12 avril 2023
Category: TRAVAIL PARLEMENTAIRE

Proposition de résolution exprimant la gratitude et la reconnaissance du Sénat aux membres des forces de l’ordre déployées sur tout le territoire national

Mme Nathalie Delattre. Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je veux tenir ici une position sans équivoque : le groupe RDSE condamne sans détour tous les actes de violence commis notamment par des casseurs lors des manifestations qui ont eu lieu ces dernières semaines.

Très largement, nous condamnons toutes les attaques portées à l’encontre des policiers, des gendarmes et parfois même des pompiers et de notre sécurité civile sur notre territoire.

Tout le monde se souvient de l’hommage rendu aux forces de l’ordre pendant les manifestations contre le terrorisme en 2015. Nous étions déjà convaincus, avant ces drames, du courage et du dévouement de nos agents. Rien n’a changé depuis.

Cependant, j’observe, chez certains de nos concitoyens, un sentiment de colère, de plus en plus tranché, un rejet de l’État et de la collectivité.

J’aimerais toutefois redire à ceux qui doutent de l’intérêt de nos institutions qu’ils ne doivent pas oublier tous les services qu’elles nous rendent au quotidien.

Policiers et gendarmes s’inscrivent dans un ensemble de services publics qui va des hôpitaux aux établissements scolaires, en passant par les réseaux routiers ou les services d’assurance chômage notamment.

Ceux qui hurlent des slogans anti-police ont-ils conscience d’y englober le reste ? Ces slogans sont, à nos yeux, de même nature que les violences à l’égard des enseignants.

Le groupe RDSE s’est saisi du sujet de la violence à l’égard des institutions en défendant la proposition de loi visant à permettre aux différentes associations d’élus de se constituer partie civile pour soutenir pleinement, au pénal, un édile victime d’agression, que j’ai déposée.

Le rejet de toute autorité institutionnelle ne saurait être admis, en même temps qu’il doit nous interroger.

Vivre en société, c’est aussi se soumettre à la contrainte sociale. Pour reprendre une formule du juriste bordelais Léon Duguit, « une société ne pourrait exister s’il n’y avait pas de discipline sociale, si une règle ne défendait pas certaines choses et n’ordonnait pas certaines autres aux individus qui la composent ».

Je considère que la désobéissance civile n’est pas une option dans notre République et qu’elle est choquante quand elle est prônée par des élus, qui se devraient de la défendre. Elle est d’autant moins une option qu’elle est souvent sous-tendue par des idéologies douteuses, entre obscurantisme et complotisme. Nous n’y adhérons pas.

Dans son exposé des motifs, la proposition de résolution indique qu’il est « inacceptable et dangereux de renvoyer dos à dos forces de l’ordre et casseurs ». Évidemment !

Toutefois, ne pas accepter la comparaison n’implique pas de renoncer à toute observation critique.

Certaines images restent choquantes et peuvent mettre mal à l’aise. Il est possible d’être révolté face à l’incendie de la porte de la mairie de Bordeaux et de ne pas être absolument serein en voyant tourner en boucle des images de tirs de LBD et de jets de grenades.

Oui, nous pouvons être reconnaissants du travail quotidien des agents de police et de gendarmerie, tout en nous inquiétant de la dérive d’une poignée d’entre eux lorsque nous entendons certains enregistrements.

Cependant, s’inquiéter d’une augmentation, même marginale, des violences policières, c’est s’inquiéter, plus largement, de l’augmentation de la violence dans notre société.

Il nous faut donc nous préoccuper de la santé mentale de nos agents, de leur état d’épuisement, des situations auxquelles ils sont confrontés quotidiennement. Il nous faut aussi veiller à ce que notre police soit irréprochable et que chaque dérive soit sanctionnée avec la plus grande fermeté.

En notre qualité de parlementaires, nous devons les accompagner et les soutenir, par exemple en leur accordant les moyens nécessaires à l’exercice de leur métier dans des conditions décentes.

En conclusion, mes chers collègues, le groupe RDSE veut réaffirmer avec force sa gratitude et sa reconnaissance aux membres des forces de l’ordre. Aussi, ses membres voteront pour cette proposition de résolution. (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et Les Républicains. – M. Franck Menonville applaudit également.)