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Débat sur la solidarité intergénérationnelle ter

M. le président. La parole est à M. Stéphane Artano.

 


M. Stéphane Artano. L'allongement de l'espérance de vie constitue l'une des plus grandes avancées de notre époque. Il implique une évolution profonde de l'organisation sociale et des mentalités. Le maintien, voire le renforcement des liens entre les différentes générations qui cohabitent, ou sont censées cohabiter, est un défi d'envergure.
Selon une étude de la SOFRES, une majorité de Français jugent essentielle l'aide en nature apportée à ses parents, grands-parents ou enfants, la transmission des savoir-faire et le soutien scolaire. Pour autant, allons-nous échapper à la lutte des âges ou allons-nous plutôt vers une lutte des classes ? Certains l'affirment.
Depuis le débat sur la réforme des retraites en 2010, une partie de la population a tendance à dénoncer certains avantages dont bénéficieraient nos seniors. D'autres affirment plutôt qu'ils sont condamnés à s'éloigner sous l'effet des nouvelles technologies. Quoi qu'il en soit, l'opposition générationnelle serait inévitable. Dans les faits, pourtant, les choses paraissent bien différentes. Selon Serge Guérin, coauteur de La Guerre des générations n'aura pas lieu, « les coopérations existent, dans tous les domaines, et les initiatives intergénérationnelles n'ont jamais été aussi florissantes ».
C'est en ce sens qu'une silver économie s'est constituée. Toutefois, à côté de ce marché, il existe une réalité bien plus riche humainement et, surtout, respectueuse des personnes âgées pour une société inclusive.
Malgré un engagement fort des différents gouvernements pour lutter contre l'isolement, plusieurs études récentes montrent que la coupure entre les générations reste importante en France, plus forte que la moyenne européenne. Sans sous-estimer l'importance du phénomène en milieu urbain, force est de constater que l'isolement augmente dans nos territoires un peu plus éloignés. Quand un médecin cesse son activité ou que des services de proximité ferment, ce sont des sentinelles pour nos aînés qui disparaissent, c'est un lien social qui se brise.
Madame la secrétaire d'État, puisque des travaux sont en cours, peut-on envisager qu'une réflexion soit menée pour mettre en place un véritable réseau de sentinelles visant à rompre l'isolement de nos aînés, par le biais d'une plateforme intergénérationnelle pour une société plus inclusive ? (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé. La lutte contre l'isolement social des personnes âgées est un enjeu important que le Gouvernement prend à bras-le-corps. En effet, l'isolement est un facteur de perte d'autonomie important.
Dans ce cadre, nous soutenons le programme MONALISA, qui réunit plus de 460 organisations : associations, caisses de retraite, collectivités territoriales... Des bénévoles constitués en équipes citoyennes mènent dans leur quartier des actions en faveur des personnes isolées : visites à domicile ou en établissement, initiation au numérique, aide aux démarches administratives, sorties culturelles... Nous soutenons également le bénévolat. Il faut savoir que trois bénévoles sur dix ont plus de soixante-cinq ans. Dans le cadre de la concertation « grand âge et autonomie », qui prévoit un volet spécifique sur l'isolement, nous souhaitons permettre le développement du bénévolat.
Par ailleurs, Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, et Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées, ont installé, au mois de février dernier, une commission de promotion de la bientraitance et de lutte contre la maltraitance des personnes vulnérables, dont les personnes âgées font partie.
Je tiens également à souligner l'engagement des collectivités territoriales dans les territoires ruraux, mais également en ville. Lors des plans Canicule et Grand Froid, qui permettent de déployer des moyens supplémentaires pendant ces périodes bien spécifiques, elles s'assurent que les personnes isolées disposent bien de l'ingénierie nécessaire pour se protéger du risque lié à ces événements climatiques.
Les associations de bénévoles, souvent soutenues par les CCAS, jouent aussi un rôle très important, qu'il s'agisse d'accompagner les personnes âgées à domicile, d'aller les chercher, de leur faire la lecture à la bibliothèque, etc. Les collectivités peuvent s'appuyer sur ces structures.
L'aménagement du territoire est important : construire un EHPAD à côté d'une crèche facilite les projets intergénérationnels.
Lorsque les acteurs travaillent ensemble, notamment dans le cadre des CCAS, qui réunissent l'ensemble des collèges et des représentants – familles, personnes âgées, personnes handicapées –, les échanges et les rencontres sont favorisés et permettent de lutter contre l'isolement des personnes âgées.
M. le président. La parole est à M. Stéphane Artano, pour la réplique.
M. Stéphane Artano. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de votre réponse.
Vous avez évoqué MONALISA et tout ce qui se fait dans les quartiers. Pour ma part, j'appelais l'attention du Gouvernement sur ce qui se passe dans la ruralité : le maillage territorial est beaucoup plus compliqué dans ces zones. Quand bien même des réseaux sont mis en place, cela mérite une véritable réflexion de la part d'un État stratège, réflexion qui pourrait être confiée au Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge.

 

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