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Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'État du Qatar établissant un partenariat relatif à la sécurité de la Coupe du Monde de football de 2022

M. Éric Gold. Madame le président, madame la ministre, mes chers collègues, cette convention internationale, qui devait faire l'objet d'une procédure d'examen simplifiée, a finalement droit à sa discussion générale.

Compte tenu des multiples enjeux de la Coupe du monde de football de 2022, je crois qu'il est sain que nous puissions effectivement en débattre.

Signé à Doha le 5 mars 2021, l'accord intergouvernemental que nous examinons aujourd'hui permet la mise en place d'un partenariat relatif à la sécurité de la Coupe du monde organisée cet automne au Qatar.

Il porte sur divers aspects de la sécurité de l'événement, dont le commandement des opérations, le contre-terrorisme ou la cybersécurité. Il prévoit un appui technique de la France, avec des visites d'études, des missions d'expertise ou encore des échanges de bonnes pratiques, ainsi qu'une assistance opérationnelle, avec des exercices et la mise à disposition d'experts et de matériels.

Le Qatar étant l'un des pays les plus sûrs au monde, notamment du fait de sa culture et de son système judiciaire, il est peu préparé à de potentiels débordements. Cet accord prévoit donc une coopération policière de la France, financée par le Qatar.

Mais cette convention bilatérale est pour nous l'occasion de débattre plus largement des conditions d'attribution et de préparation de la Coupe du monde.

Ce petit émirat est connu pour son gaz, son pétrole et ses buildings ; plus globalement, donc, pour son empreinte carbone désastreuse. Mais, pour ceux qui l'ignoraient jusqu'alors, l'organisation de la Coupe du monde a été l'occasion de découvrir un autre désastre, humanitaire cette fois, avec la fameuse pratique de la kafala et des conditions de travail infernales ayant entraîné la mort de plusieurs dizaines d'ouvriers. Je dis « plusieurs dizaines », car l'opacité est telle sur le sujet qu'il nous est impossible d'en connaître le chiffre exact.

À l'instar des jeux Olympiques d'hiver de Pékin, certains ont naturellement appelé au boycott de la Coupe du monde 2022. Elle est, à n'en pas douter, une aberration écologique, avec des structures pharaoniques construites ex nihilo et promises à une quasi-inactivité une fois la compétition achevée.

Comme lors des championnats du monde d'athlétisme organisés en 2019 au Qatar, les stades seront dotés de superclimatiseurs. Mais ni ces climatiseurs ni le changement de calendrier ne garantissent des conditions météorologiques acceptables pour le corps humain. On se souvient ainsi du triste record du marathon féminin de 2019, avec 40 % d'abandons.

Cette compétition est également le théâtre de multiples violations des droits humains, notamment ceux des ouvriers asiatiques qui subissent des conditions de travail et de vie indécentes, des privations de droits, de la discrimination...

Mais doit-on pour autant boycotter l'événement, tandis que les échanges commerciaux avec le Qatar, et notamment les ventes d'armes, se poursuivent ? Rappelons que le système de la kafala a été aboli en 2020 sous la pression internationale, et que les premières élections de portée nationale ont été organisées en octobre au Qatar. La Coupe du monde est un accélérateur de la modernisation et de l'ouverture du pays.

D'ailleurs, les organisations non gouvernementales (ONG) n'appellent pas au boycott de cette compétition. Elles demandent que l'on s'en serve comme d'un levier pour améliorer la situation sociale et écologique dans le pays, parce que le boycott pénalise avant tout les sportifs et que la politique de la chaise vide a ses limites.

Nous devons toutefois remettre sérieusement en question les procédures d'attribution de ces grands événements. Peut-on encore s'obstiner dans cet apolitisme de façade et cette absence de conditionnalité qui ne correspondent pas du tout à l'éthique du sport ?

Une véritable régulation est à opérer au sein des organisations sportives internationales. Elles ne peuvent plus se contenter d'être des chambres d'enregistrement du sportswashing, et doivent enfin prendre des mesures drastiques pour conditionner l'organisation des grandes compétitions sportives au respect de certaines valeurs largement partagées par les sportifs du monde entier. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

M. Pierre Ouzoulias. Très bien !

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