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Débat d'actualité sur le thème « Les conséquences de l'inflation sur le pouvoir d'achat des Français. »

M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Requier. (M. Jean-Yves Roux applaudit.)

 

M. Jean-Claude Requier. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à entendre les préoccupations de nos concitoyens dans les territoires ou celles des professionnels présents en ce moment au salon de l'agriculture, ce débat sur les conséquences de l'inflation est peut-être encore plus d'actualité que celui des retraites.

Le retour d'une forte hausse des prix pour la consommation courante – produits alimentaires et d'entretien, matériaux divers d'équipement et de construction, etc. – comme des prix de l'énergie est un tournant majeur de l'après-covid.

Si le choc de la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont eu un effet indéniable sur les prix de l'énergie, la remontée des prix avait en réalité commencé dès 2021 dans la foulée des premiers déconfinements.

Elle s'explique en particulier par l'augmentation du coût des matières premières et des transports, notamment du fret maritime. Avec des marchandises en grande partie importées, souvent de pays hors d'Europe, nous commençons peut-être à payer la facture de la désindustrialisation et de la perte de souveraineté économique.

Le débat sur le niveau réel de l'inflation n'est pas nouveau. On observe souvent un décalage entre l'indice synthétique des prix à la consommation tel qu'il est mesuré par l'Insee et l'inflation observée ou ressentie par le consommateur, qui dépend de son niveau de revenu, de son lieu de résidence, de ses préférences et de ses contraintes personnelles.

Par ailleurs, l'indice des prix à la consommation ne donne pas une mesure complète du coût de la vie. D'autres données pèsent lourdement sur le budget des ménages, comme le prix des logements que les statisticiens intègrent dans un indice pondéré des loyers. De façon générale, les prix des actifs, mobiliers ou immobiliers, ont beaucoup augmenté ces dernières années. L'injection massive de liquidités par les banques centrales dans l'économie a entraîné une forte inflation des valeurs mobilières sur longue période, mais elle n'avait pas eu d'impact sur les prix à la consommation.

Le taux d'inflation courante était, quant à lui, resté faible, voire nul, pendant des décennies. À peine atteignait-il l'objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne. L'inflation est longtemps restée soit un souvenir remontant aux années 1970-1980, soit le fait de pays en développement comme la Turquie, l'Iran, le Venezuela ou l'Argentine. Aujourd'hui, elle touche de nouveau l'ensemble des pays développés, à l'exception, peut-être, de quelques pays comme le Japon.

Les conséquences de cette inflation sont à la fois massives et inégales : une baisse du pouvoir d'achat des ménages et une érosion de l'épargne, dont les effets dépendent beaucoup de la part de chaque poste de dépenses dans le budget individuel.

Inversement, l'inflation peut aussi réduire le coût des dettes : pensons aux années 1970 durant lesquelles l'inflation – une drogue douce, disait-on à l'époque – profitait aux emprunteurs et défavorisait les épargnants.

Dans tous les cas, elle modifie en profondeur les anticipations des agents économiques et rend les prévisions plus aléatoires. Le pire des scénarios serait la poursuite d'une forte inflation avec une croissance économique faible ou nulle : le retour de la stagflation.

Face à la complexité des calculs d'inflation et de pouvoir d'achat, des indices alternatifs, plus parlants, ont été élaborés : d'abord l'indice Big Mac aux États-Unis ; ensuite, un indice jambon-beurre, plus français… Un économiste allemand a, quant à lui, construit un indice de l'inflation perçue, qui intègre des paramètres plus individuels et subjectifs.

Dernièrement, l'agence Bloomberg a créé un indice coq au vin, qui intègre le prix des ingrédients nécessaires à la préparation de ce plat traditionnel. Sur un an, il aurait augmenté non pas de 6 % comme l'indice synthétique des prix, mais de près de 15 %.

Si les prix de l'ensemble des produits de consommation semblent maintenant se stabiliser, ceux des produits alimentaires ont fortement augmenté depuis l'été 2022. C'est dans ce contexte tendu que devaient aboutir au plus tard aujourd'hui les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs de produits de grande consommation, à propos desquelles le Sénat a adopté une importante proposition de loi il y a deux semaines.

Face à ce défi de l'inflation, le Gouvernement prévoit-il des mesures supplémentaires en faveur du pouvoir d'achat, en plus des nombreuses initiatives qu'il a déjà prises depuis un an et demi et qui connaissent des fortunes diverses, même si elles contribuent, plus qu'ailleurs, à atténuer les effets de l'inflation sur les ménages ?

Dans son panier anti-inflation, le Gouvernement envisage-t-il de mettre à contribution les entreprises, en particulier celles qui ont largement bénéficié d'aides publiques ces dernières années ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – Mme Vanina Paoli-Gagin applaudit également.)

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