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Projet de loi de finances pour 2023 - mission "Action extérieure de l'Etat"

M. André Guiol. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, pouvons-nous sérieusement aborder la discussion sur les programmes 185 et 105 de la mission « Action extérieure de l'État » en nous contentant d'égrainer chiffres, avis et opinions ?

Nous ne pouvons faire comme si la guerre ne bousculait pas les équilibres européens, que nous espérions stables et consolidés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Cette agression doit nous inciter à la prudence, à la modestie et à la vigilance. Après la pandémie, l'agression russe impose une nouvelle fois à l'Union européenne un devoir de solidarité. Il n'est pas question de faire profil bas ou, pire, de baisser la garde – bien au contraire !

Mes chers collègues, nous entendons les réserves émises sur le programme 185.

Les conclusions des rapporteurs soulignent que l'augmentation de 13 millions d'euros de l'enveloppe budgétaire consacrée à la diplomatie culturelle et d'influence n'est pas à la hauteur des ambitions affichées par l'exécutif.

Sans être adepte du « toujours plus », le groupe RDSE est bien conscient des effets de l'inflation, celle-ci demeurant plus sévère hors de nos frontières que dans l'Hexagone. La compenser intégralement serait une prouesse, puisque cela supposerait une adaptation pays par pays.

Toutefois, la hausse de 2 % des crédits alloués au programme 185, ainsi doté de 744 millions d'euros, permet, a minima, de maintenir le cap alors que la récession menace – ce n'est pas négligeable !

Nous ne pouvons pas nous en tenir aux objectifs volontaristes affichés par l'exécutif, qui ont des airs de vœux pieux ou d'incantations.

Mes chers collègues, le « toujours plus » qui est parfois de mise dans les discussions budgétaires est souvent une façon commode de se donner bonne conscience.

De même, la critique, acceptable quand elle est juste et raisonnable, se révèle vaine lorsqu'elle devient systématique. Aussi occulte-t-elle souvent les avancées positives que les perspectives budgétaires permettront de concrétiser.

Or les lignes tracées pour 2023, sans être flamboyantes, ont l'immense mérite d'être pragmatiques.

Ainsi, les deux tiers des 30 millions d'euros supplémentaires octroyés à l'Agence pour l'enseignement du Français à l'étranger financeront la hausse du point d'indice des enseignants et compenseront en partie la mise en place du nouveau statut de détaché.

De plus, les 10 millions d'euros dédiés au soutien au réseau d'enseignement du Français au Liban sont bien plus qu'un heureux coup de pouce, dans un pays fracturé.

Je ne cache pas que je me montrerai plus sévère avec la stratégie Bienvenue en France, destinée à l'accueil des étudiants étrangers. Celle-ci reste bien timide et souffre de la comparaison qui peut être dressée avec les initiatives prises outre-Rhin. Si la France occupait le quatrième rang des pays d'accueil en 2015, elle est désormais septième.

Nous consacrons 64 millions d'euros aux bourses étudiantes ; ce budget est trois fois supérieur en Allemagne et s'élève à 266 millions d'euros pour l'Australie. Ce n'est pas acceptable, et j'ose espérer qu'il ne s'agit pas d'un rétrécissement de nos horizons, le phare des Lumières, qui rayonnait sur le monde, risquant alors de se voir remplacé par la pâle lueur des tourments nationalistes…

Cette situation impose la modestie. Or il s'agit sans doute du maillon faible de cette politique, car c'est bien en accueillant et en formant les élites de demain que nous consoliderons notre influence future de manière durable.

Notre attractivité ne se résume pas au déroulement d'un tapis rouge pour les entreprises étrangères porteuses de capitaux. Elle passe aussi par un patient et discret travail d'influence, d'accueil et de formation.

Je tenais à rappeler ces quelques chiffres avant d'aborder le programme 105, qui est une priorité de la mission « Action extérieure de l'État ».

La progression de 6,6 % de ses crédits traduit une volonté politique qu'il nous faut saluer. L'effort, réel, nous permettra, pour la première fois depuis 1993, de créer 106 emplois équivalents temps plein.

Là encore, les esprits chagrins mettront en avant les 3 000 postes perdus depuis 2007… Laissons-les se chagriner et félicitons-nous du changement de paradigme que constitue la création nette d'emplois.

Souvenons-nous que les agents animant le troisième réseau diplomatique mondial ont été sur le pont lors de la pandémie, favorisant le rapatriement de plus de 370 000 de nos ressortissants. Ils ont aussi facilité l'évacuation de 3 000 personnes d'Afghanistan, pays plongé dans un obscurantisme accablant.

Par ailleurs, nous n'ignorons pas les interrogations liées à la politique immobilière : elles ont fait l'objet de propositions sérieuses de la commission des affaires étrangères.

De même, n'hésitons pas évoquer l'épineuse question de la spécificité des parcours des diplomates, remise en cause par la disparition de l'École nationale d'administration (ENA). Comme vous tous, mes chers collègues, nous avons été sensibles aux inquiétudes provoquées par l'application de la réforme de l'encadrement supérieur de l'État au ministère des affaires étrangères.

Le groupe RDSE se félicite toutefois que le dialogue ait permis de lancer des États généraux de la diplomatie, qui devraient – du moins le souhaitons-nous – enrichir les mesures votées.

Malgré ces réserves, le groupe RDSE votera les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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