Contact     Extranet     facebook      twitter      youtube      rss

 

Proposition de loi visant à mieux protéger les enfants victimes de violences intrafamiliales

Mme Maryse Carrère. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe RDSE se réjouit de la présentation de cette proposition de loi, qui soulève des enjeux primordiaux et nous ramène à notre responsabilité collective de protéger nos enfants. Notre édifice institutionnel et législatif relatif à la protection des enfants doit s'enrichir de nos débats.

Je rappelle que le groupe RDSE, sensible à la question de la protection des enfants, s'est déjà positionné sur un renforcement de la répression des abus sexuels intrafamiliaux.

Les violences intrafamiliales sont le quotidien d'un trop grand nombre de nos concitoyens. Pire encore, celles dont sont victimes nos enfants posent un problème dont notre société a du mal à reconnaître le caractère massif et systémique.

Or la réalité, c'est que, chaque année, 400 000 enfants vivent dans un foyer où s'exercent des violences conjugales, et 160 000 enfants subissent des violences sexuelles avérées.

Chocs traumatiques, troubles psychotraumatiques, phénomènes de dissociation, troubles de la mémoire : derrière ces violences, qu'elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques, les conséquences sur l'enfant et son développement sont graves. Néanmoins, rappelons qu'elles sont réversibles si une protection et un traitement psychothérapique spécialisés sont mis en place.

Nous plaidons pour une mise à l'abri rapide des enfants victimes et une prise en charge la plus précoce possible, afin de limiter les conséquences sur leur santé. Tout retard dans cette mise en sécurité et cette prise en charge équivaut à une perte de chance pour chaque enfant concerné.

Au-delà des questions d'élargissement du mécanisme de suspension provisoire de plein droit de l'exercice de l'autorité parentale et de systématisation du prononcé du retrait de l'autorité parentale par les juridictions pénales, notamment en cas de crime commis sur la personne de l'enfant ou de l'autre parent ou d'agression sexuelle incestueuse sur l'enfant, nous devons nous interroger sur la bonne temporalité pour agir et protéger l'enfant en coupant le lien avec le parent violent, que ce soit de façon temporaire ou définitive.

Nous devons avoir cette réflexion sans perdre de vue l'objectif de protection des victimes et de préservation de l'intérêt supérieur de l'enfant. Nous devons également mettre l'accent sur une meilleure sensibilisation de la société sur ces sujets, afin de traiter le plus en amont possible les violences intrafamiliales sur la personne de l'enfant.

Si la législation progresse depuis quelques années, il nous faut faire mieux, d'abord en accroissant l'arsenal législatif en matière de suspension et de suppression de l'autorité parentale ou de son exercice, sans oublier de rendre davantage lisibles et applicables les mesures déjà en place dans le droit en vigueur.

Dans ce cadre, le groupe RDSE se félicite des avancées que comporte ce texte, notamment l'élargissement du régime de suspension de plein droit de l'exercice de l'autorité parentale et des droits de visite et d'hébergement aux crimes et agressions sexuelles incestueuses commis sur la personne de son enfant. Cependant, nous regrettons que la commission ait souhaité atténuer la portée du dispositif principal en excluant la suspension automatique de l'exercice de l'autorité parentale du parent violent le temps de la procédure pénale.

Si cette modification répond au principe de présomption d'innocence et au droit de chacun, enfant comme parent, de mener une vie familiale normale, elle ne permet pas, compte tenu notamment de la longueur de la procédure pénale, d'améliorer un dispositif qui se caractérise aujourd'hui par son ineffectivité en raison d'un manque de lisibilité.

Si nous conservons la procédure actuelle, il reviendra toujours au procureur de saisir le juge aux affaires familiales afin de déclencher la suspension de plein droit de l'exercice de l'autorité familiale, ce qui, rappelons-le, n'est pas systématique. Surtout, suivant la procédure actuelle, si le JAF ou le juge pénal ne s'est pas prononcé dans un délai de six mois, le parent poursuivi récupère ses droits automatiquement.

Prévenir ou guérir ? Tel est le dilemme qu'affrontent les acteurs de la protection de l'enfance. Où doit-on placer le curseur ? Toujours est-il qu'il serait opportun que nous trouvions des solutions afin que notre appareil répressif ne souffre plus d'une ineffectivité dont les conséquences peuvent être lourdes.

Néanmoins, en dehors de ces quelques observations, nous pensons que cette proposition de loi va dans le bon sens et contribuera à briser davantage le silence autour des violences commises dans le cadre intrafamilial. La systématisation du prononcé du retrait de l'autorité parentale par les juridictions pénales en cas de crime commis sur la personne de l'enfant ou de l'autre parent ou d'agression sexuelle incestueuse sur l'enfant en est le formidable symbole.

C'est pourquoi le groupe RDSE votera cette proposition de loi. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE et sur des travées du groupe UC. – Mme le rapporteur et M. Thani Mohamed Soilihi applaudissent également.)

×
Stay Informed

When you subscribe to the blog, we will send you an e-mail when there are new updates on the site so you wouldn't miss them.

Proposition de loi portant fusion des filières à r...
Proposition de loi tendant à renforcer l'équilibre...