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Débat suite à la déclaration du Gouvernement

Mme Maryse Carrère. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, si nous avons tous, dans cette enceinte, un devoir de vérité sur la situation de la France, nous avons aussi celui de cultiver l’espoir par nos initiatives et le dialogue avec nos territoires.

Il revient à chacun d’entre nous, quels que soient nos sensibilités ou nos désaccords, de faire preuve de responsabilité et de courage pour réparer, enrichir et préserver notre modèle social et républicain.

Sans méconnaître les difficultés que rencontre notre pays, verser dans le pessimisme ou la nostalgie d’une douce France à jamais disparue ne serait ni responsable ni mobilisateur.

Sans tout promettre, nous devons néanmoins trouver les voies pour que – oui, monsieur le Premier ministre – « nos enfants viv[ent] mieux demain que nous ne vivons aujourd’hui ».

Un nouveau cap pour l’emploi, l’éducation, la santé, le logement, la sécurité… le RDSE est prêt à entendre les nouvelles propositions, à en débattre, à soutenir toutes celles qui s’inscrivent sans détour dans le sillon de la justice sociale, de la solidarité et du progrès.

Monsieur le Premier ministre, vous nous trouverez à vos côtés sur le chemin d’une école qui tiendrait mieux son rôle, à la condition toutefois que l’instauration du port de l’uniforme soit non pas un cache-misère, mais le signal d’un retour aux fondamentaux de l’école républicaine – au premier rang desquels figure l’égalité des chances.

Mon groupe est également attaché aux manifestations d’appartenance républicaine et au respect du principe de laïcité.

Monsieur le Premier ministre, nous espérons qu’en la matière vous continuerez à faire preuve de la même fermeté que celle dont vous avez témoigné sur la laïcité : c’est indispensable pour protéger les consciences en éveil et pour développer l’esprit de tolérance chez les jeunes – condition du vivre ensemble.

Mon groupe est également attaché à une citoyenneté « réarmée », pour employer vos mots. Nous avons soutenu, au Sénat, des propositions : nous vous demandons de les regarder.

Nous serons également au rendez-vous de l’écologie, comme nous l’avons toujours été, pourvu que celle-ci soit non pas punitive, mais plutôt intelligente, cohérente et soutenable pour les forces vives de notre économie ainsi que pour les plus modestes.

La lutte contre le dérèglement climatique nécessite une large planification, des réflexions transversales et beaucoup d’innovations. Voilà certainement l’un des défis les plus difficiles à relever. La crise que traverse le monde agricole en est l’illustration.

Le RDSE a toujours défendu une agriculture durable, mais pas au prix du sacrifice de milliers d’exploitants, car c’est bien cela qui se joue. Les agriculteurs vous le disent partout : dans l’Hexagone comme, depuis quelques jours, dans les outre-mer. Ils se meurent, quand ils ne meurent pas au sens propre, sous le poids des normes, d’une concurrence étrangère déloyale et de la pression des distributeurs. Ils doivent franchir une vraie haie d’obstacles pour toucher, finalement, des revenus indécents. Oui, nous comprenons leur colère et nous serons attentifs aux solutions proposées.

Il est d’ailleurs bien regrettable que le travail de contrôle des parlementaires ne soit pas davantage pris en compte. Je pense, en l’espèce, aux soixante-trois propositions du rapport sur la détresse des agriculteurs. À quand, monsieur le Premier ministre, un véritable partage de la valeur ?

Pour ce qui concerne le front de l’emploi, vous annoncez un acte II. Il est difficile de dire, à cette heure, si vous parviendrez à atteindre votre objectif de plein emploi, alors que le contexte économique mondial est fragile. On ne peut que le souhaiter. Vous entendez dynamiser le dialogue de branche, baisser les charges, expérimenter la semaine de quatre jours dans l’administration. Nous regarderons avec intérêt et vigilance tous ces projets.

Rendre la lumière aux travailleurs de l’ombre des bureaux du secteur public est une belle ambition et nous la saluons, mais il faudra pousser l’effort jusqu’au secteur privé.

En ce qui concerne les conditions de travail, mon groupe a demandé, sans être toujours entendu, lors de l’examen de la réforme des retraites, des mesures fortes sur la pénibilité.

Monsieur le Premier ministre, j’espère que vous serez rapidement au rendez-vous sur tout ce qui constitue la contrepartie légitime du recul de l’âge de départ à la retraite.

De même, il faut sans attendre renforcer, et non pas colmater, notre système de santé. Au fil des décennies, celui-ci se fracture un peu plus. Les déserts médicaux sont le point d’orgue de cette évolution. Quels moyens supplémentaires – il en faudra ! – prévoyez-vous ?

Nous sommes en tout cas heureux que la résolution déposée par mon groupe, invitant le Gouvernement à ériger la santé mentale des jeunes en grande cause nationale, qui vient d’être adoptée par le Sénat en début d’année, trouve déjà un écho auprès du Gouvernement.

Comment espérer la réalisation du « réarmement démographique » promu par le chef de l’État, quand le secteur périnatal est en danger ? Mon groupe s’emparera de ce sujet cette année, en demandant la création d’une mission d’information sur l’avenir de la santé périnatale.

Sans logement, il ne peut non plus y avoir de projets parentaux. En France, en 2024, des travailleurs vivent dans leur voiture. Dans les grandes villes, des sans-abri dorment sous les fenêtres des Airbnb. C’est intolérable !

Comment ne pas vous suivre quand vous dites vouloir construire plus de logements et simplifier les procédures ?

On ne peut ignorer cependant le coût du renforcement de ces politiques publiques. Aussi, je me demande avec inquiétude quelles seront les cibles qui feront les frais des 12 milliards d’économies promis pour l’an prochain, alors que beaucoup de nos services publics sont en difficulté.

Nous souscrivons évidemment à votre objectif de redressement des comptes publics. La question cruciale est celle du rythme de cet ajustement. S’il est trop rapide, il pèsera sur la croissance française, ce qui ne fera qu’aggraver notre dette. Je vous appelle donc à la mesure, monsieur le Premier ministre : le dernier défaut de paiement de la France remonte à 1797…

J’entends bien aussi ce que l’Europe vous commande, et nous commande. Elle figure dans l’intitulé de notre groupe, le Rassemblement Démocratique et Social Européen, et dans notre cœur. Toutefois, cet amour n’est pas inconditionnel. Nous l’avons démontré en faisant adopter au Sénat, dès 2018, une résolution sur le Mercosur.

Malgré ses imperfections, l’Union européenne n’est pas un problème ; elle est bien souvent la solution. Vous avez d’ailleurs rappelé, monsieur le Premier ministre, toutes les digues qu’elle a su construire pour protéger nos concitoyens. Ils ne doivent pas l’oublier ni céder aux sirènes des populismes, qui se résument bien souvent à la peur de l’autre.

Un remaniement gouvernemental sert à redonner un cap. Cependant, on ne tient pas seul un gouvernail. En cas de forte tempête, mieux vaut s’appuyer sur les loups de mer. Personne ne doute, monsieur le Premier ministre, de votre lucidité ni de votre volontarisme. Mais les réponses, vous le savez, viendront aussi des territoires, des corps intermédiaires, du monde associatif et de tous les élus locaux, sans lesquels rien ne serait possible.

Ces derniers doivent être mieux protégés, en sécurité, libérés, eux aussi, du poids des normes, afin qu’ils puissent mieux exercer leur mission.

Un nouvel acte de la décentralisation ? Pourquoi pas, si cela consiste à redonner du souffle aux collectivités locales pour qu’elles reprennent en main leur destin dans plusieurs domaines. Je pense notamment à la compétence eau et assainissement, que nous avons défendue en déposant une proposition de loi visant à en permettre une gestion différenciée.

En tant que sénateurs, il nous appartient de faire remonter l’intelligence des territoires dans l’hémicycle et de la mettre à disposition du Gouvernement.

J’espère, monsieur le Premier ministre, que vous trouverez la bonne méthode, que vous réussirez et que vous ne décevrez pas. Vous le devez à la jeunesse française, dans sa diversité, avec laquelle vous partagez sans doute l’audace. Toutefois, pour faire remonter la France sur le podium sans blessure, n’oubliez pas de puiser dans le vivier de l’expérience. (Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et UC.)

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