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Question d'actualité sur le thème agression, psychiatrie et addiction

Mme Nathalie Delattre. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la prévention.

« Insupportable » est le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier l'ignoble attaque subie avant-hier par une famille bordelaise. Mes pensées vont vers cette petite fille, sa grand-mère et leur famille, après l'agression dont elles ont été victimes en rentrant à leur domicile. Mes remerciements vont aux forces de l'ordre pour l'interpellation rapide, mais qualifiée de difficile, de l'agresseur.

« Se faire agresser, ça arrive à tout le monde ; moi aussi, cela m'est arrivé. » Telle est la réponse sidérante, apportée lors d'une réunion publique voilà quelques jours par une adjointe au maire de Bordeaux, banalisant ainsi l'explosion de l'insécurité dans notre ville.

Je pourrais questionner M. le ministre de l'intérieur, une fois encore, sur l'absolue nécessité d'affecter une unité de compagnies républicaines de sécurité (CRS), à demeure, à Bordeaux.

Je pourrais réinterroger M. le garde des sceaux sur la suspension récente des incarcérations des hommes au centre pénitentiaire de Gradignan en raison de la surpopulation carcérale, qui a eu pour effet de laisser des individus dangereux sur la voie publique.

Il est vrai que de nombreux détenus se retrouvent en prison alors qu'ils auraient avant tout besoin d'être admis dans des hôpitaux psychiatriques. C'est donc vers vous, monsieur le ministre de la santé, que je me tourne une fois de plus.

J'avais initié, avec mes collègues Philippe Bas et Jean Sol, une mission sénatoriale d'information sur l'expertise psychiatrique et psychologique en matière pénale, considérant que notre société et son pacte républicain dans les domaines de la police et de la justice étaient de plus en plus menacés par la sous-estimation des problèmes psychiatriques, souvent couplés à des addictions liées à la drogue ; les faits divers quotidiens en attestent malheureusement.

Il faut de nouveaux hôpitaux psychiatriques, ainsi qu'une politique en matière de psychiatrie ambitieuse et financée. Je vous ai demandé ici même voilà quelques semaines que ce sujet soit déclaré Grande Cause nationale. Combien de drames faudra-t-il égrener pour vous convaincre de cette nécessité ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi que sur des travées des groupes INDEP, UC et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.

M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention. Madame la sénatrice Delattre, comme vous, je tiens tout d'abord à exprimer ma solidarité, ainsi que celle du Gouvernement tout entier envers les victimes de cette odieuse agression, et je sais que l'ensemble des parlementaires partagent ce sentiment.

Vous avez mentionné mes collègues Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, et vous avez raison, parce que nous travaillons de concert sous l'autorité de la Première ministre sur cette question, qui est globale. Il s'agit en effet d'un problème de société, de rapport à l'autre, de civilité et de rapport à la violence, face auquel nous devons mobiliser tous les outils, en particulier notre capacité à identifier et à traiter les problèmes psychiatriques ou psychologiques.

Nous le savons, notre système de santé rencontre des difficultés – c'est notamment le cas de la psychiatrie –, à la suite de décennies de gestion comptable aveugle. Pour autant, dès 2018, nous avons agi en mettant en œuvre une feuille de route de la santé mentale et de la psychiatrie, ambitieuse, qui a été renforcée en 2021 par les premières Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, lancées et présidées par le Président de la République.

Les réponses que nous construisons en priorité s'inscrivent dans le temps long. Je pense par exemple à l'élargissement de la prévention, à la formation de 43 000 secouristes en santé mentale, au développement des compétences psychosociales à l'école, aux actions de prévention du suicide avec le numéro national 3114, qui a reçu plus de 300 000 appels depuis sa création, et au dispositif de vigilance.

J'évoquerai aussi la prise en charge de plus de 130 000 patients grâce au dispositif #MonSoutienPsy, qui a permis d'assurer 300 000 consultations.

Il faut citer enfin le développement des centres médico-psychologiques des maisons des adolescents ; il y en a désormais une par département. Depuis un peu moins d'un an, elles ont accompagné plus de 100 000 adolescents en difficulté, ainsi que leurs familles.

Toutes ces mesures ne sont évidemment pas suffisantes au regard des enjeux santé mentale auxquels tous les pays développés sont confrontés. Soyez assurée de ma détermination à agir sans faille avec l'ensemble des professionnels et – je le sais – l'ensemble des parlementaires, afin que nous puissions trouver des solutions à ces difficultés. (M. François Patriat applaudit.)

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