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Débat sur les enjeux d'une politique industrielle européenne

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Corbisez.

 


M. Jean-Pierre Corbisez. Notre tissu industriel souffre, c'est un fait.
Si je me félicite, en tant que parlementaire des Hauts-de-France, qu'une solution semble avoir été trouvée pour l'usine Ascoval, je ne peux que déplorer le sort réservé aux salariés d'Arjowiggins et je reste inquiet pour Arc International.
Plus que jamais, nous devons soutenir nos entreprises en difficultés et, surtout, trouver de nouveaux axes de développement industriel.
Les énergies nouvelles en font incontestablement partie.
Pour résister à la mondialisation et à la concurrence des grandes puissantes émergentes, nous devons unir nos forces avec nos voisins européens, comme l'indique la récente déclaration commune de la France et de l'Allemagne publiée le 19 février 2019 et appelant à une véritable politique industrielle européenne. Nos deux pays ont d'ailleurs validé, à la fin de 2018, une feuille de route pour la création d'une filière européenne de la batterie de stockage d'énergie, ainsi que vous l'avez rappelé, madame la secrétaire d'État, après Bruno Le Maire.
Cette filière ambitionne d'accompagner la transformation de nos parcs automobiles avec un recours croissant aux véhicules électriques et hybrides. Ces batteries contribueront, par ailleurs, à l'alimentation en énergie de nos habitations.
Pour y parvenir, il est vital que les constructeurs automobiles européens jouent le jeu et que l'Europe réponde présent en renforçant ses investissements dans le secteur privé, ce que rendra possible la reconnaissance de cette filière comme projet commun prioritaire d'investissements.
Nos gouvernements espèrent obtenir ce label dès le premier semestre 2019, mais peut-être est-il déjà trop tard. Je fais référence à la construction en cours, en Allemagne, de la plus grande usine de batteries pour véhicules électriques. Un projet porté par la Chine !
Alors que l'Europe commence à réfléchir aux initiatives à reconnaître d'intérêt commun, la Chine monte les murs d'une unité de production de 55 hectares, investit 240 millions d'euros et crée 600 emplois avec l'objectif d'équiper 300 000 véhicules de marques allemandes et européennes.
En résumé, nous sommes à nouveau très en retard, voire à la traîne. Alors que se profilent les élections européennes, n'est-il pas temps d'inventer une Europe réactive et efficace, capable de prendre des décisions aussi importantes que le soutien à une filière d'avenir ?
Aujourd'hui, les processus décisionnels et l'absence d'harmonisation de nos cadres nationaux condamnent toute initiative de ce type et le résultat est devant nous : nos concurrents avancent bien plus vite et continuent de grignoter des parts de marchés là où nous devrions être en pointe. (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.Monsieur le sénateur Corbisez ce n'est pas parce que l'on répète en boucle que l'on perd de l'emploi industriel que l'on perd effectivement de l'emploi industriel en France !
M. Martial Bourquin. Et pourtant, c'est ainsi !
Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État. Je le dis encore une fois : en 2017, en 2018 et au début de 2019, nous créons de l'emploi industriel. Certes, cela fait suite à beaucoup de pertes, mais il me paraît utile de rappeler sur quelle base nous nous fondons et de constater que la politique économique du Gouvernement semble fonctionner.
Par ailleurs, j'aimerais que l'on célèbre également les succès : Toyota investit 300 millions d'euros dans l'industrie automobile, AstraZeneca investit plus de 100 millions d'euros dans l'industrie pharmaceutique dans les Hauts-de-France, pour ne prendre que ces deux exemples. (Mme Marie-Noëlle Lienemann s'exclame.)
S'agissant d'Arc International, je veux vous rassurer, puisque, grâce au refinancement de 120 millions d'euros qui a été négocié – et grâce à l'État –, il va être possible d'améliorer la compétitivité de l'usine. Nous sommes donc plutôt confiants sur la situation de cette entreprise.
Enfin, s'agissant du projet relatif aux batteries électriques, vous mentionnez effectivement la construction d'une usine par CATL, en lien avec un contrat de BMW. Il ne s'agit pas du tout du projet que nous portons au niveau de la Commission européenne : il est question ici de batteries de la génération actuelle, pas des batteries de demain, de troisième génération « plus », voire de quatrième génération, qui sont en projet.
Aujourd'hui, aucune usine dans le monde ne maîtrise la technologie solid state sur laquelle nous voulons travailler. Il ne me semble donc pas que nous soyons en retard pour le moment. Vous avez raison, cependant, obtenir ce projet européen avec l'Allemagne, la Pologne et d'autres pays, c'est un véritable enjeu.

 

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