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Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019

M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin.

 

 

Mme Véronique Guillotin. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous nous retrouvons aujourd'hui, après l'échec de la commission mixte paritaire et la nouvelle lecture de l'Assemblée nationale, avec un projet de loi de financement de la sécurité sociale largement remanié par les deux assemblées tour à tour.

Nous sommes nombreux à avoir salué des échanges constructifs ainsi que l'orientation satisfaisante du texte. Pour autant, cela n'aura pas permis d'aboutir à une commission mixte paritaire conclusive, ce que nous regrettons.

À ce titre, une concertation en amont des différents groupes parlementaires ne pourrait-elle pas être utile ? Je ne suis pas la seule à m'interroger, au vu des échanges qui ont eu lieu lors de la CMP.

Toutefois, pour trouver un consensus, il faut être deux ! Or la quasi-unanimité de la commission des affaires sociales regrette le manque d'écoute à l'endroit des propositions faites par le Sénat. Ainsi l'Assemblée nationale n'a-t-elle retenu cette année que 50 % des amendements sénatoriaux, contre 80 % en moyenne au cours des précédentes législatures.

Deux points d'achoppement ont conduit à l'échec de la commission mixte paritaire : les retraites et le quasi-gel de l'indexation sur l'inflation des prestations sociales. Deux points de désaccord, quel dommage !, alors que le texte devait traduire une profonde transformation de notre système de santé et qu'il avait été enrichi par le Sénat d'un certain nombre de propositions pertinentes.

Concernant les minima sociaux, si nous accueillons favorablement les revalorisations de l'allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse, nous ne pouvons nous en satisfaire. D'une part, elles demeurent en deçà de la hausse réelle des prix ; d'autre part, les autres minima sociaux voient leurs revalorisations plafonnées à 0,3 %, bien en deçà de l'inflation. Un accord aurait pu, aurait dû être trouvé ! Dans le contexte que nous connaissons, le message envoyé n'est pas le bon.

S'agissant des retraites, plutôt que de traiter cette question de manière parcellaire, notre groupe a fait le choix d'attendre les débats qui se tiendront dans le cadre du futur projet de loi de réforme des retraites, lequel offrira à tous les parlementaires l'occasion d'un travail éclairé et approfondi. Sur un sujet de cette importance, amender le projet de loi de financement de la sécurité sociale ne nous semble pas opportun. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus de déposer un amendement.

J'en viens maintenant aux différentes mesures ayant particulièrement retenu notre attention.

Tout d'abord, nous sommes satisfaits de la reprise, par l'Assemblée nationale, de la proposition de notre collègue Franck Menonville sur l'exonération applicable aux rémunérations TO-DE jusqu'à 1,20 SMIC. Nous aurions toutefois souhaité que ce dispositif soit pérennisé.

Sur le volet santé, l'article 8 bis A introduit par le Sénat permettait aux médecins retraités d'obtenir, sous certaines conditions, une exonération fiscale en cas de reprise d'activité en zone sous-dense. Je crois que nous avons tous pris, dans cet hémicycle, la mesure du phénomène de désertification médicale et de son amplification à venir. J'étais particulièrement favorable à une mesure permettant de redonner du temps médical dans de nombreux territoires carencés, et regrette donc beaucoup sa suppression par l'Assemblée nationale.

Je salue néanmoins le maintien de l'article 41, offrant aux médecins coordonnateurs un pouvoir de prescription médicamenteuse.

Concernant la prévention, sujet d'importance majeure, les mesures engagées par le Gouvernement commencent à porter leurs fruits. Je pense notamment à la baisse du nombre de fumeurs et à une plus grande confiance dans la vaccination.

Je salue l'ensemble des dispositions prises dans le cadre de ce projet de loi de financement sur les boissons alcoolisées et le lissage sur six ans de la taxation du rhum dans les outre-mer, ainsi que l'expérimentation de la couverture vaccinale pour les jeunes filles et jeunes garçons contre les papillomavirus humains dans deux régions. En effet, une bonne couverture vaccinale permettrait d'éradiquer ce virus en quelques décennies seulement. Il n'y a aucune raison valable pour que les femmes françaises soient plus exposées au risque de développer un cancer du col que leurs voisines européennes. Il ne faudra donc pas hésiter à aller plus loin en fonction du bilan de cette expérimentation et à rappeler que la balance bénéfice-risque de la vaccination est bien en faveur du bénéfice.

La permanence des soins a suscité des débats nombreux et nourris. Comme d'autres collègues, j'avais déposé un amendement de suppression de l'article 29 quinquies, voté à l'unanimité par le Sénat. Sur ce sujet, les arguments ont été largement développés : payer pour ne pas soigner, reporter les actes sur une médecine de ville déjà surchargée... Bref, cette mesure, qui complexifie le parcours du patient, n'est pas souhaitable et semble difficilement applicable. Nous serons attentifs au bilan de son expérimentation.

À l'article 47, le projet de loi de financement de la sécurité sociale corrige une injustice, puisqu'il permet enfin l'octroi de prestations de maternité aux travailleuses non-salariées. Toutefois, le déclenchement de ces prestations est conditionné à une durée minimale d'interruption d'activité de huit semaines, ce qui n'est pas toujours possible. Cette condition pourrait conduire les femmes qui ne peuvent pas s'arrêter aussi longtemps du fait de leur profession à y renoncer. Nous regrettons donc que les arguments de notre rapporteur Catherine Deroche n'aient pas été entendus par l'Assemblée nationale.

S'agissant des grossistes-répartiteurs, nous connaissons leurs difficultés à maintenir un équilibre économique. Afin d'apporter une réponse immédiate à leurs difficultés, nous avions proposé la réduction du taux de contribution sur les génériques. Des négociations sont certes en cours, mais leur issue est incertaine et une solution d'urgence doit leur être proposée.

Compte tenu du temps imparti, notre analyse du texte ne peut être exhaustive, d'autant que nous devons aujourd'hui non pas débattre du fond, mais nous prononcer sur une motion.

Profondément attaché au dialogue, mon groupe souhaite que notre assemblée poursuive l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, nourrissant l'espoir de faire aboutir un texte de consensus, enrichi par nos deux assemblées. Nous voterons donc contre la motion tendant à opposer la question préalable. (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche.)

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