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Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 - Article 35

Mme la présidente. La parole est à Mme Véronique Guillotin, sur l'article.

Mme Véronique Guillotin. « Il n'y a pas de bon père, c'est la règle : qu'on n'en tienne pas grief aux hommes mais au lien de paternité qui est pourri. » Cette citation n'est pas de moi, elle est d'un écrivain-philosophe, qui n'est autre que Jean-Paul Sartre !

Très longtemps, le père a été essentiellement perçu comme le pourvoyeur de revenus ; son objectif principal n'était pas de créer une relation avec ses enfants. Aux mères, les soins quotidiens ; aux pères, l'éducation au savoir et la protection financière de la famille.

Toutefois, cette vision patriarcale de la société a profondément changé. Aujourd'hui, ceux que l'on appelle « les nouveaux pères » cherchent à construire une paternité fondée sur la proximité et la complexité affective avec leurs enfants. De plus, la naissance n'est plus uniquement une affaire de femmes : c'est un événement qui bouleverse l'existence des deux parents, du couple et de la famille.

Parce qu'il répond aux attentes des familles et de très nombreux pères, l'allongement de la durée du congé de paternité et d'accueil de l'enfant est une avancée sociale majeure.

Tout d'abord, la présence des deux parents pendant les premiers mois de la vie a une incidence positive durable et déterminante sur la santé et le développement des enfants.

Selon le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui préside la commission des 1 000 premiers jours, plus le père est présent pendant la grossesse et pendant les premiers jours qui suivent la naissance, plus la mère est sécurisée et plus le bébé trouve autour de lui ce qu'il lui faut pour se développer. Nos voisins européens l'ont d'ailleurs bien compris, à l'instar de nos jeunes.

Ensuite, cette mesure renforce l'égalité entre les hommes et les femmes en favorisant le partage des tâches au sein de la sphère familiale et en incitant à une répartition équitable entre la vie familiale et la vie professionnelle.

Enfin, alors que les femmes ont été considérées jusqu'à présent comme des mères en puissance, tous les salariés deviendront des parents en puissance.

Dans quelques instants, nous débattrons d'amendements visant à réduire la portée de cette mesure. Je ne les voterai pas. Nous le savons, les pères qui, aujourd'hui, ne prennent pas la totalité de leur congé s'autocensurent souvent, parce qu'ils craignent d'être mal vus dans leur entreprise, ou tout simplement parce qu'ils sont sous l'influence de représentations sociales.

Si ce dispositif devient facultatif, les pères ne seront certainement pas libres de prendre ou non leur congé. À mon sens, il faut donc maintenir son caractère obligatoire. C'est dans cette même logique que la parité en politique a pu progresser.

Les pères ne veulent pas être traités comme des parents de seconde zone : nous devons accompagner cette évolution sociétale. Aussi, j'espère que la Haute Assemblée aura la sagesse de repousser ces amendements, pour enfin donner aux pères la place qui leur revient dans l'accueil de l'enfant. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et RDPI.)

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