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Projet de loi de finances pour 2019 - aide publique au Développement

M. le président. La parole est à M. Jean-Noël Guérini.

 

 

M. Jean-Noël Guérini. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il est d'usage, dans le cadre de nos débats sur le projet de loi de finances, de structurer nos interventions par des moissons de chiffres et de comparaisons traduisant notre approbation, nos craintes ou nos réserves. Permettez-moi de déroger à cette tradition en abordant les crédits consacrés à l'aide publique au développement.

Les montants de ces crédits sont peu de choses au regard des grands postes de dépenses de l'État, mais ils ont, à mes yeux, une importance déterminante sur le sens de la politique mise en œuvre par notre pays.

Comme la plupart d'entre nous, je me félicite que cette politique publique bénéficie d'une hausse d'environ 4,7 %, les crédits de paiement augmentant de 127 millions d'euros et les autorisations d'engagement, de 1,4 milliard d'euros.

Je me remémore le discours du Président de la République prononcé à Ouagadougou en novembre 2017. Je me souviens plus précisément d'une phrase : « J'ai pris l'engagement d'avoir une France au rendez-vous du défi de développement. »

Il n'est pas dans mes habitudes de complimenter – on me le reproche assez –, mais je constate qu'il a tenu parole, car cette hausse de crédits est loin d'être négligeable au regard du contexte économique auquel notre pays est confronté. Elle est d'autant plus significative qu'au niveau mondial l'aide publique au développement, d'un montant de 146 milliards de dollars, est en baisse de 0,6 %. À l'heure où les crises liées au changement climatique s'ajoutent aux guerres et conflits, nous pouvons être fiers de joindre actes et paroles, même si bien des efforts restent à accomplir.

Je n'insisterai pas non plus sur les équilibres entre autorisations d'engagement et crédits de paiement structurant les moyens alloués à cette politique publique. Ils s'expliquent par l'augmentation de notre contribution au Fonds européen de développement et trouvent aussi leur justification dans les fluctuations des autorisations d'engagement auxquelles nous avons à nous adapter.

Ayant fermement critiqué l'an passé, à cette même tribune, le risque de déclassement de notre pays, comment ne pas être réconforté en constatant l'inversion de la trajectoire inscrite dans le projet de budget pour 2019, qui nous laisse entrevoir la possibilité d'atteindre le chiffre de 0,55 % de notre revenu national brut consacré à cette politique en 2022 ? Les esprits chagrins feront remarquer que nous sommes loin des objectifs électoraux du Président de la République. Pour ma part, je préfère voir le verre à moitié plein d'un chapitre budgétaire qui inverse « à la hausse » la courbe du montant de nos aides, alors que l'Allemagne ou le Royaume-Uni ont déjà atteint ce seuil de financement.

Si je salue notre trajectoire, en refusant de m'adonner à la litanie des indices et des chiffres, c'est pour insister sur le sens que nous devons donner à cette politique.

Nous avons tous entendu les critiques lancées à l'encontre de l'aide au développement, qualifiée de « sparadrap sur des fractures » ou de « tonneau des Danaïdes ». Pourtant, la réalité infirme ces jugements, et les besoins pour lutter contre la faim, la pauvreté, permettre à l'accès à l'eau et favoriser l'éducation rendent cette aide indispensable. Même imparfaite, même insuffisante, elle est l'une des pièces essentielles au travers de laquelle nous traduisons un devoir de solidarité.

À l'heure où la France traverse une grave crise et où nos concitoyens nous demandent de penser à leur pouvoir d'achat, renforcer l'aide publique au développement, c'est dire clairement que rien ne pourra se faire ici si l'on ne prend pas soin de ceux et celles qui souffrent aussi ailleurs. N'oublions pas, mes chers collègues, les 17 000 enfants qui meurent chaque jour dans le monde ! Plus que jamais, le développement constitue un enjeu géopolitique fort.

Monsieur le ministre, malgré les réserves que je viens de formuler, parce que ces crédits sont orientés à la hausse et parce que l'aide publique au développement n'est qu'une part du soutien que la France apporte aux pays les plus fragiles, le groupe du RDSE votera ce budget. (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche. – M. le président de la commission des affaires étrangères applaudit également.)

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