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Projet de loi de finances pour 2019 - Outre-Mer

M. le président. La parole est à M. Stéphane Artano.

 M. Stéphane Artano. Madame la ministre, j'ai apporté mon soutien sans réserve au budget que vous proposiez l'an dernier. Vous veniez d'être nommée, il s'agissait d'un budget de transition, d'amorçage, et nous nous étions donné rendez-vous cette année.

Pour 2019, ce devait être, dans un terme très macronien, le budget de la transformation des outre-mer. Je dois dire que je le recherche aujourd'hui… À l'époque, j'avais déclaré que, pour élaborer un budget – nous sommes tous issus de collectivités –, il faut une colonne vertébrale, faute de quoi ce budget devient un sac d'os.

Quelque part, l'exercice qui nous est proposé ne me convient pas. Je l'ai déjà dit et nous n'avons d'ailleurs pas participé aux assises des outre-mer, et certains collègues aujourd'hui en reviennent.

Quand on fait de la politique, il faut avoir de l'humilité et de la lucidité.

Il faut de l'humilité pour revisiter les méthodes, qui sont les nôtres. Je mets au moins à votre crédit le fait que vous ayez engagé une réflexion approfondie sur les outils, notamment les aides économiques, malgré quelques tensions avec les acteurs ces derniers jours, notamment ceux de la Fédération des entreprises des départements d'outre-mer, la FEDOM, même si je sais que vous avez arraché un arbitrage à Matignon en faveur du maintien d'un certain nombre de dispositifs.

Pour autant, il faut aussi de la lucidité, pour reprendre une expression présidentielle, mais cette fois-ci de notre président, Gérard Larcher. À un moment donné, si le bateau gouvernemental ne suit pas la boussole, qui est celle du CROSS Étel – le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage – et, en l'occurrence, la boussole parlementaire qui donne un certain nombre de signaux, il s'échoue sur les rochers ou sur les coraux.

Faire preuve d'humilité aujourd'hui, c'est reconnaître, comme l'a fait par exemple Didier Robert à La Réunion, que l'on n'est peut-être pas allé assez loin sur un certain nombre de sujets.

Faire preuve de lucidité, c'est aussi écouter les parlementaires et plus se servir d'eux. Je le dis en toute amitié, et avec tout le respect que j'ai pour la fonction que vous occupez, vous devriez bien plus vous appuyer sur les parlementaires et être en rupture, au sein de ce gouvernement, avec la méthode utilisée. Sinon, vous irez dans le mur, exactement comme le reste du gouvernement, et vous entraînerez avec vous l'ensemble des outre-mer, territoires dont les problématiques sont, je le sais, chaque fois un peu différentes.

L'action publique est avant tout une œuvre collective. Il existe deux délégations parlementaires aux outre-mer, l'une au Sénat et l'autre à l'Assemblée nationale, qui aimeraient œuvrer à vos côtés pour porter la politique de ces territoires au niveau national, de manière plus collective et plus participative, afin que l'on ne découvre plus après coup un certain nombre de choses.

Il faut aussi de la confiance. Et, en la matière, c'est un peu comme en amour, il faut des preuves.

Je vais prendre l'exemple de mon territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon : cette confiance, on l'apprécie à la demande que le préfet a adressée à la collectivité de financer un investissement portuaire dans un port d'intérêt national… La confiance, on la mesure en découvrant, d'après le document de politique transversale consacré à l'outre-mer, que les budgets globaux alloués à ce territoire sont en baisse de 15 millions d'euros en 2019, que l'on s'appuie sur l'analyse des 88 programmes concourant à cette politique transversale ou sur celle de la seule mission « Outre-mer ».

Je suis inquiet pour mon territoire, comme je le suis pour le reste des territoires d'outre-mer, compte tenu de la méthode employée et des crédits engagés. J'espère, madame la ministre, que vous pourrez apporter un certain nombre de réponses de nature à rassurer mes collègues du groupe du RDSE.

Aujourd'hui, nous sommes réservés sur cette mission parce que, comme l'a rappelé Guillaume Arnell, nous avons ces inquiétudes. Pour ma part, je me suis beaucoup concentré sur la méthode, mais aussi sur les aspects budgétaires de la mission. Nous espérons évidemment que, lors de votre intervention, vous pourrez éclairer notre lanterne ! (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. – M. Jean-Louis Lagourgue applaudit également.)

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