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Projet de loi de finances pour 2021- médias, livre et industries culturelles

Mme la présidente. La parole est à Mme Nathalie Delattre.

Mme Nathalie Delattre. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, depuis plusieurs mois, la crise sanitaire a plongé dans le noir nos cinémas, nos librairies et presque toute notre industrie culturelle. En juillet dernier, les pertes étaient déjà estimées à 22,3 milliards d'euros, un montant que le nouveau confinement va hélas ! aggraver.

Au-delà des enjeux économiques évidents que porte la mission, c'est tout un pan de la création culturelle, un marqueur fort de l'ADN de la France, qui est menacé.

Certes, nous savons que pour tous ces secteurs, la pandémie ne fait qu'accélérer des difficultés structurelles qui existaient auparavant, des difficultés le plus souvent liées à leur adaptation à la révolution numérique.

Néanmoins, les conditions actuelles d'une crise sans précédent doivent vous interroger sur la poursuite des réformes de rationalisation engagées, en particulier au sein de l'audiovisuel public. Celles-ci ne doivent pas prendre un tour brutal, notamment pour les salariés.

Avant tout, c'est d'un effort financier exceptionnel qu'ont besoin les entreprises de l'industrie culturelle, qui génèrent des milliers d'emplois. Les mesures transversales, notamment le chômage partiel étendu aux intermittents du spectacle, ont permis d'amortir le choc. Mais cette situation sera-t-elle encore tenable avec les nouvelles jauges proposées aux cinémas et salles de spectacle pour leur réouverture prochaine ?

Nous devons reconnaître cependant que les moyens supplémentaires sont au rendez-vous. En effet, s'agissant des seuls crédits de la mission, ils sont en hausse de 8,4 % en autorisations d'engagement et de 3,36 % en crédits de paiement. Par ailleurs, le budget initialement prévu pour 2021 sera renforcé par des sommes représentant 75,3 % de crédits supplémentaires. Tout cela est considérable.

Tous les secteurs en bénéficieront, même s'il convient de mettre à part l'audiovisuel public. Nos collègues rapporteurs l'ont souligné : le secteur fait l'objet d'un mouvement contradictoire, avec une baisse de 68,5 millions d'euros des concours financiers à l'audiovisuel public, mais un renfort de la mission « Plan de relance » à hauteur de 70 millions d'euros en autorisations d'engagement et de 65 millions en crédits de paiement.

Cela semble sous-tendre la poursuite de la rationalisation des moyens que vous demandez depuis 2018 aux six sociétés audiovisuelles publiques. Mais, dans ces conditions, il aurait été souhaitable que la réforme de l'audiovisuel ne soit pas remisée.

En effet, le choix de mini-contrats d'objectifs et de moyens pour 2020-2022 ne suffira pas à répondre aux enjeux du secteur, qui sont nombreux. Je citerai en particulier le caractère injuste de la contribution à l'audiovisuel public, l'absence de gouvernance commune des entreprises, qui écarte de fait les possibilités de mutualisation, ou encore la concurrence féroce des plateformes américaines au sein de notre paysage audiovisuel.

À tous ces défis, il faut apporter des réponses dans ce même temps que l'urgence sanitaire.

Je profite de cette discussion générale pour vous interpeller, madame la ministre, sur le sort des télévisions locales, qui rencontrent également des difficultés financières lourdes. J'avais déposé en première partie un amendement d'appel sur ce sujet. Vous savez combien ces médias valorisent les territoires en diffusant des informations de proximité qui intéressent vivement nos concitoyens. Nos collectivités locales les soutiennent, mais cela ne suffira pas à compenser la perte de leurs recettes publicitaires due à la crise sanitaire. Il vous faut agir vite.

Concernant la vie de nos territoires, je m'inquiète également de l'avenir de nos librairies et de nos libraires, qui sont des acteurs culturels importants de nos centres-villes, mais aussi de nos centres-bourgs. Beaucoup de ces commerces ont été fragilisés par des mois cumulés de fermeture.

Je veux saluer l'effort de 31 millions d'euros porté par la loi de finances rectificative du 30 juillet dernier et la division par trois des frais de port pour l'envoi de leurs livres, une mesure longtemps demandée par les libraires. Mais la concurrence redoublée de la vente en ligne par les grandes plateformes depuis le confinement nécessite une réflexion plus large sur la façon de les aider à s'approprier la révolution numérique plutôt que de la subir.

S'agissant des auteurs, sur lesquels se répercutent à la fois la fermeture des librairies et l'annulation des événements littéraires, je me réjouis d'un premier soutien de 5 millions d'euros par le biais du Centre national du livre (CNL).

Mes chers collègues, compte tenu de l'effort budgétaire conséquent que porte le projet de loi de finances en direction des médias, du livre et des industries culturelles, le RDSE approuvera la mission, tout en appelant à la poursuite des réflexions et des réformes nécessaires à la préservation de tous les outils qui sont au cœur de la diversité culturelle française. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

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