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Projet de loi de finances pour 2021 - recherche et enseignement supérieur

 

Mme la présidente. La parole est à M. Bernard Fialaire.

M. Bernard Fialaire. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, depuis plusieurs mois, partout dans le monde, la pandémie a mis en exergue la recherche, la quête d'un vaccin, en particulier, étant devenue le principal espoir d'un retour à une vie normale. Ainsi se trouve illustré l'un des enjeux fondamentaux de la mission budgétaire consacrée à la recherche et à l'enseignement supérieur.

Il y a quelques semaines, à l'occasion de l'examen de la loi de programmation de la recherche, nous avions tous déploré l'affaiblissement du rayonnement scientifique de la France, alors que notre pays produit des talents, comme en témoigne, par exemple, l'attribution d'un prix Nobel de chimie à une chercheuse française résidant à Berlin. Il est regrettable que de telles personnalités aient dû exercer leurs compétences hors de nos frontières pour briller.

Aussi peut-on saluer la traduction, dans ce budget 2021, de la première étape de la trajectoire financière pluriannuelle que nous avons récemment adoptée. Le présent projet de loi de finances prévoit en effet une hausse de 225 millions d'euros des crédits du programme 172, « Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires ».

Nos collègues rapporteurs ont très justement souligné que cette somme ne financerait pas exclusivement des dépenses nouvelles. Les moyens mobilisés au titre du plan de relance, soit 1 142 millions d'euros en autorisations d'engagement et 865 millions d'euros en crédits de paiement, ainsi que le quatrième programme d'investissements d'avenir, doté de 1 250 millions d'euros, confirment cet engagement considérable pour la recherche.

Comme mes collègues, toutefois, je regrette le manque de visibilité de ces crédits budgétaires, dont l'éclatement complique grandement la compréhension.

Néanmoins, cette évolution permettra – je l'espère – de redonner à la recherche française toute la place qu'elle mérite, et de répondre aux attentes de la communauté scientifique.

Parmi ces attentes, j'évoquerai la question de l'attractivité du métier. La mission prévoit 130 millions d'euros pour améliorer la rémunération des personnels. Mise en œuvre de la réforme des régimes indemnitaires ou encore revalorisation de 30 % de la rémunération des doctorants : tout cela va dans le bon sens, celui d'une meilleure reconnaissance des carrières de chercheurs.

On peut également se réjouir de l'accroissement des capacités de l'Agence nationale de la recherche, à hauteur de 403 millions d'euros supplémentaires en autorisations d'engagement. Ce renfort est indispensable pour améliorer le taux de succès des appels à projets génériques, qui est de 17 % actuellement, soit un niveau bien trop faible.

J'en viens au deuxième volet de cette mission : l'enseignement supérieur, qui, comme la recherche, porte les germes de la richesse d'une nation.

Nos collègues rapporteurs ont rappelé les chiffres ; je soulignerai simplement les 2,3 % de hausse des crédits de paiement pour 2021. Cette hausse est bien entendu positive ; mais suffira-t-elle à répondre aux difficultés, en particulier économiques et sociales, que rencontrent d'ordinaire beaucoup d'étudiants, et que la crise sanitaire n'a fait qu'aggraver ?

Madame la ministre, est-il normal, dans le pays développé qu'est la France, de voir des étudiants affluer dans les Restos du cœur ou renoncer à des soins médicaux, faute d'argent ?

M. Pierre Ouzoulias. C'est scandaleux !

M. Bernard Fialaire. La présentation stratégique annexée au projet de loi de finances fait état d'un renforcement de l'accès aux services sociaux et médicaux. Comment sera-t-il mis en œuvre, sachant que les Crous sont à bout de souffle ?

J'ai bien noté la mobilisation de 133,5 millions d'euros supplémentaires, dont les trois quarts alimenteront la revalorisation des bourses, un ticket U à 1 euro ou encore le gel des loyers des résidences universitaires. Mais tout cela sera-t-il à la hauteur des enjeux, alors qu'est souvent évoquée la triste prévision du sacrifice d'une génération dite « covid » ?

Pour ce qui est, enfin, de la qualité de la formation, garante de la bonne intégration des étudiants, comment la pandémie va-t-elle affecter le « contrat de réussite » créé par la loi de 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants ?

On peut avoir des craintes concernant en particulier les élèves de première année de faculté, plus enclins au décrochage. Vous le savez, madame la ministre, la Conférence des présidents d'universités appelle à une reprise des cours en présentiel au plus vite, l'enseignement à distance ne pouvant pas tout. Que leur répondez-vous ?

Je conclurai par un dernier mot sur les élèves infirmiers et les internes appelés soudainement en renfort dans les unités covid des hôpitaux. Sans être préparés, beaucoup d'entre eux ont travaillé dans des conditions difficiles, parfois aux dépens de leur temps d'apprentissage. Aussi me semblerait-il juste de valoriser, dans leurs carrières, d'une façon ou d'une autre, cette expérience si particulière, pour ne pas dire cette expérience de « guerre ».

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