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Proposition de résolution appelant le Gouvernement à œuvrer à l'adoption d'une déclaration de la fin de la guerre de Corée

M. André Guiol. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, guerre sans fin, orpheline de la guerre froide, l'interminable crise coréenne attire régulièrement l'attention de la communauté internationale.

Depuis toujours, les dirigeants nord-coréens successifs soufflent le chaud et le froid sur la péninsule, au gré des variations de leur activité militaro-diplomatique.

Entre la brève lune de miel que l'on a connue sous l'ère Trump et l'ère nucléaire sans complexe, la Corée du Nord reste un abcès ouvert, pansé de temps en temps, mais jamais complètement refermé.

L'absence depuis 1953 d'un véritable traité de paix entre la République de Corée et la Corée du Nord est-elle propice à la poursuite des tensions ? Autrement dit, l'adoption d'une déclaration de la fin de la guerre de Corée serait-elle de nature à améliorer les choses ?

À l'évidence, la réponse ne peut être que nuancée, compte tenu de la complexité d'une situation géopolitique sur laquelle plane encore aujourd'hui l'ombre des grandes puissances, les États-Unis, la Chine et la Russie. Hier comme aujourd'hui, celles-ci maintiennent sous différentes formes, y compris militaires, leur présence dans la zone.

Si l'on ne peut ignorer les ambitions de grandeur de la dynastie Kim pour son pays, force est de constater aussi que la péninsule reste un pion dans la région, comme elle l'a toujours été au cours du XXe siècle. En effet, on connaît le principal ressort du déclenchement de la guerre en 1950 : la lutte pour la domination dans la région entre les forces communistes et les démocraties libérales.

L'enjeu a-t-il évolué depuis ? Si nous sommes heureusement sortis de la guerre froide, les luttes d'influence demeurent, ce qui n'est pas sans susciter des inquiétudes.

Aujourd'hui, on le sait, les États-Unis ont déplacé leurs intérêts stratégiques vers la zone Asie-Pacifique. Washington cherche non seulement à y préserver ses intérêts économiques, mais également à contenir la menace chinoise dans la région. Grâce au traité de défense conclu avec Séoul, la menace nord-coréenne offre une fenêtre stratégique au Pentagone pour surveiller la Chine.

Dans ces conditions, dans le contexte d'un bras de fer stratégique, quel crédit accorder aux offres de pourparlers que l'administration Biden a faites l'été dernier au dirigeant nord-coréen ?

Quoi qu'il en soit, le tir de missile hypersonique effectué à la fin du mois de septembre par Pyongyang a miné le terrain et constitué clairement une fin de non-recevoir.

Peut-on également compter sur le dialogue intercoréen ? Depuis les jeux Olympiques d'hiver de 2018 en Corée du Sud, ce dialogue existe, mais il a produit peu d'effets à ce stade.

Pour l'heure, en espérant que tous les acteurs impliqués prennent les engagements nécessaires à la mise en œuvre d'un véritable dialogue, sans arrière-pensées, le RDSE partage la volonté de Christian Cambon de promouvoir et de soutenir l'adoption d'une déclaration de la fin de la guerre de Corée.

Tout d'abord, nous le devons au peuple coréen. J'ajoute que nous le devons plus encore à celui du nord, qui, au-delà d'avoir en commun avec celui du sud la peur d'une escalade aux frontières du pays, doit en plus faire face à une situation économique très dégradée, laquelle n'est pas sans conséquence d'un point de vue humanitaire. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, près de quatre Nord-Coréens sur dix souffrent actuellement de malnutrition.

Par conséquent, monsieur le ministre, la question de l'allégement du régime de sanctions internationales doit se poser, alors que la pandémie accentue l'isolement de la Corée du Nord. Et je ne parlerai pas du déséquilibre entre le coût humain très élevé des sanctions et leurs faibles effets sur le programme nucléaire nord-coréen.

À cet égard, les cinq grandes puissances nucléaires ont prôné lundi dernier l'objectif d'« un monde exempt d'armes nucléaires », pour reprendre la formule de la présidence française. C'est une bonne chose, bien entendu, mais la situation nord-coréenne constitue un obstacle à la réalisation de ce vœu. Aussi le texte de la proposition de résolution prend-il encore un peu plus de relief. En effet, la « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne » doit être une préoccupation majeure de la communauté internationale.

Enfin, mes chers collègues, la proposition de résolution s'inscrit tout simplement dans la tradition de défense de la paix et des droits de l'homme chère à la France. Fidèle à ses valeurs, notre pays ne peut se contenter, pour la péninsule coréenne, d'un simple et fragile cessez-le-feu. Le RDSE votera donc cette proposition de résolution. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE – MM. Christian Cambon et François Patriat applaudissent également.)

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