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Question d'actualité sur la lutte contre la covid-19

M. le président. La parole est à M. Henri Cabanel, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.

M. Henri Cabanel. Ma question s'adresse à M. le ministre de la santé et de la solidarité.

Dès le mois de juillet, tout le monde s'accordait à dire que nous allions vivre une nouvelle vague de l'épidémie. Ça y est, nous y sommes !

La métropole de Montpellier, dans mon département, vient de rejoindre la liste des territoires en alerte maximale Covid. Pour les populations, cela signifie une série de mesures que nombre de nos concitoyens ont du mal à comprendre. Ils se sentent parfois frustrés par des règles difficiles à appliquer et par les volte-face de certaines annonces. Ainsi, pourquoi fermer les bars alors que les restaurants sont ouverts, même lorsqu'ils ne servent pas à manger ?

Pourquoi, surtout, nous trouvons-nous confrontés, huit mois après la première crise, à une pénurie de lits de réanimation, dont le nombre est loin des 12 000 lits prévus ? S'agit-il d'un manque de moyens financiers ou de personnel compétent ? Pourquoi ne pas avoir pensé à une stratégie d'urgence ?

J'ai conscience que la situation n'est pas facile, mais les Français ne comprennent pas. Il faut leur expliquer simplement. À la crise sanitaire, on répond par des mesures liberticides, mais on ne traite pas la problématique des moyens de l'hôpital public. Pour ma part, je suis pragmatique : quand un tuyau a trop de pression et risque de céder, on ne coupe pas l'eau, on installe un tuyau plus gros !

Sur le terrain, certains médecins généralistes se plaignent du manque de communication et de cohérence avec les hôpitaux. Ils craignent des retards dans la prise en charge des autres pathologies. Ils subissent aussi une surcharge de travail administratif pour traiter les arrêts de travail, malgré le contact tracing et le site dédié, dont certains d'entre eux ne savent pas se servir. Qu'avez-vous prévu à ce sujet ?

Tout cela provoque une véritable inquiétude face à l'épuisement, voire au burn-out de certains personnels. Quelles mesures allez-vous prendre pour soulager les soignants, qu'ils soient sur le terrain ou dans les établissements ? Vous avez raison de penser à eux, nous y pensons aussi, mais je crains que cela ne suffise pas. (Applaudissement sur les travées du groupe RDSE.)

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question.

Votre première phrase était : « Dès le mois de juillet, tout le monde s'accordait à dire que nous allions vivre une nouvelle vague de l'épidémie »... Nous n'avons clairement pas vécu le même été !

Lorsque l'alerte a été lancée, parce que le virus recommençait à circuler au mois d'août chez les jeunes dans certaines villes du Sud, je n'ai pas entendu beaucoup de réactions indiquant que l'épidémie risquait de repartir et évoquant le risque d'une deuxième vague.

J'ai entendu de pseudo-experts – je ne parle pas des politiques – se succéder pour affirmer que ce ne serait pas le cas, puisque le virus avait forcément muté pour être moins méchant. Je les ai entendus dire : « Regardez, il n'y a pas encore d'hospitalisations, c'est le signe qu'il n'y a pas de deuxième vague ! » Nous avons eu beau expliquer qu'un décalage d'un mois se produisait entre les contaminations et les hospitalisations, décalage qui s'allongeait quand la population contaminée était jeune, il y a eu, il me semble, un déni ou un refus de voir les choses.

Peut-être n'avons-nous pas été suffisamment convaincants ? Je veux bien en prendre ma part, mais on ne peut certainement pas dire que, dès le mois de juillet, les Français considéraient qu'il y aurait une deuxième vague.

Monsieur le sénateur, vous me demandez pourquoi nous n'avons pas augmenté le nombre de lits de réanimation. Mais cela ne se fait pas tout seul ! Un anesthésiste-réanimateur, cela ne se clone pas ; cela se forme en dix à douze ans, et nous avons supprimé le numerus clausus, il y a deux ans, pour augmenter le nombre de médecins. Vous et moi ne sommes pas responsables de la situation de la démographie médicale, mais c'est un fait.

En revanche, nous avons formé du personnel pour qu'il puisse aider en réanimation. Rien qu'en Île-de-France, ces derniers mois, 750 infirmières sont venues en service de réanimation ou en apprentissage par simulation pour prêter main-forte à leurs collègues si la situation l'exigeait.

Hélas, on ne trouve pas des aides-soignantes ou des infirmières performantes en réanimation en claquant des doigts !

S'agissant des lits de réanimation, monsieur le sénateur, nous sommes montés au 15 avril dernier à 10 700 lits armés capables d'accueillir des malades du Covid, lesquels étaient alors 8 500, les autres souffrant d'autres pathologies. Nous sommes donc capables de mobiliser des lits, de transformer des blocs opératoires, de préparer des soins continus et vigilants, mais cela nécessite de déprogrammer massivement les soins et de recruter tout le personnel disponible, au détriment des autres malades, ce que nous nous refaisons à faire.

M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Vous parlez de petits ou de gros tuyaux, mais si nous laissions le tuyau grossir pour agir, nous aurions beaucoup plus de morts. Il faut vraiment comprendre cela : notre logique est non pas de remplir les services de réanimation, mais d'empêcher les gens de mourir.

M. le président. Il faut conclure !

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Pour cela, il ne faut pas qu'il y ait de formes graves. Il faut donc lutter avec efficacité contre la diffusion du virus, y compris quand cela va, hélas, à l'encontre de certaines libertés de circulation. C'est vital pour les Français !

M. le président. Maintenant, il faut conclure, s'il vous plaît !

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Pardonnez-moi, monsieur le président.

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